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Le blog-notes de Michel
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Le blog-notes de Michel
19 décembre 2009

La carpette anglaise

Le petit article,  «La carpette anglaise» publié dans le numéro du 2 décembre « Union et action », a touché chez moi une corde sensible. Non seulement parce que la qualité de la langue est, par déformation professionnelle, un de mes chevaux de bataille, mais aussi parce que son ton modéré et nuancé le disculpe de tout soupçon d'utopisme ou de purisme.

Les anglicismes pullulent dans notre environnement langagier. Un concessionnaire automobile m'expliquait qu'on n'avait qu'à tanker son véhicule pour le starter ; j'entends parler de «management»  de la qualité, de   «forwarder» un message, d' «émeille », d' « icommerce », de « zoning », etc., autant de notions pour lesquelles il n'y aurait aucune honte à utiliser le terme français. La tendance est omniprésente, et même insidieuse : le passage à la nouvelle monnaie, qui représente à mon avis l’un des signes les plus tangibles de l’identité européenne, est pour beaucoup l’occasion d’américaniser le centime en l’appelant « cent ». Dans la foulée, je note une nouvelle mode qui consiste à remplacer la virgule des décimales par un point.

Je pose comme postulat que nos langues disposent des moyens d’exprimer non seulement toutes les notions de notre vie courante, mais aussi tous les concepts des sciences et techniques modernes. Les Islandais l’ont bien montré, eux qui n’utilisent que des mots issus de leur langue.

Il ne s'agit pas de perdre de vue que les langues sont des organismes vivants, qu'à ce niveau comme pour d'autres l'interpénétration est un phénomène aussi vieux que l’humanité, et il serait aussi utopique de vouloir l'empêcher que de prêcher une quelconque pureté de la race. Le français n'a-t-il  d'ailleurs pas laissé ses traces dans la plupart des langues européennes ? Néanmoins, ces emprunts ne sont pas sans danger sur le plan de la communication car

- ils créent un clivage entre ceux qui comprennent la langue étrangère et les autres,

- ils introduisent des corps étrangers dans la langue, qui, ne s'inscrivant pas dans son système, sont plus difficiles à appréhender ou à utiliser. Essayez de prononcer le mot «award » à l'anglaise pour voir combien d'interlocuteurs vous comprendront,

- ils permettent à ceux qui ne savent pas exprimer leur pensée de se réfugier dans un flou qui n’a rien d’artistique. Quand je lis sur certaines cartes de visite la fonction de l'intéressé, j'ai bien des difficultés à me rendre compte de ce qu'il fait vraiment, et, dans les foires, pas mal d'exposants qui ont affiché l'objet de leur entreprise en «continental English » sont pénalisés par leur snobisme : les clients potentiels passent devant leur emplacement sans savoir en quoi ces firmes  pourraient répondre à leurs besoins.

Il ne s'agit donc pas du combat d'arrière-garde de puristes utopistes: il n'y a pas de commerce sans communication. Il n'y a pas de honte à être compris. Comprendre et être compris n’est-ce pas le but de la langue ?

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